Le Col du Sanetsch – 2252 m – (appelé parfois Col de Sénin) est l’un des cols les plus méconnus des Alpes suisses… en 2025, il n’apparaît même pas sur la page wikipedia des plus hauts cols routiers des Alpes suisses ! Pourtant, c’est l’un des plus beaux mais aussi l’un des plus durs… peut-être que le fait de ne pouvoir le grimper qu’en aller-retour (pas tout-à-fait, voir au bas de cette article…) et qu’il ait été complètement ignoré du Tour de Suisse ou du Tour de Romandie l’ont empêché d’accéder à une certaine notoriété… Il reste donc pour l’instant l’un des trésors cachés des cyclos valaisans… son ascension – très longue avec près de 25 km – proposant tous les ingrédients d’un grand col sur une route en très bon état et à la circulation automobile assez limitée : un début original au milieu du vignoble, une gorge, de la forêt, des alpages, des cascades, des tunnels creusés dans la roche, un final minéral, des sommets magnifiques, un glacier, un téléphérique (!), … et un dénivelé monstrueux – 1800 m – répartis sur des lacets à la pente infernale (et même un peu trop !).
VERSANT SUD via Chandolin
Distance : 25 km
Départ : Conthey / Pont de la Morge (Vallée du Rhône)
D+ : 1790 m
% moyen : 7,5%
% maxi : 12% sur 280 m
C’est la variante « officielle ». Depuis Conthey, c’est une très longue ascension de 25 km pour pratiquement 1800 m de D+ à 7,5%… il faudra être en forme pour la gravir !
On peut découper cette montée en 4 parties :
- De Conthey à Chandolin – 5 km : profitez des 1100 premiers mètres faciles – 1,5% – le long de la Morge pour apprécier un premier décor qui va se dérouler au milieu du… vignoble ! Pour ceux qui connaissent celui du Valais, il s’étale souvent sur des coteaux abrupts… ce qui ne va pas manquer en passant au passage suivant : sans transition, vous vous hisserez jusqu’à Chandolin durant 3,5 km sur une pente qui oscille entre 8 et 9%. Le ton est donné ! Une fois arrivé à l’entrée de Chandolin, sur 400 m, vous allez alterner une succession de courtes montées et descentes. Vous atteindrez ainsi un point haut à 835 m d’altitude. Ne ratez surtout pas la fontaine sur votre droite (à côté de la maison qui abrite un petit clocher et une carriole) pour refaire le niveau des bidons (voir carte).
- De Chandolin à l’intersection avec la Route du Sanetsch via Erde – 4,4 km : cette partie débute par… une descente ! Vous vous dites que bien des efforts ont déjà été consentis dans la première partie car cette descente de 600 m vous fait perdre 35 m de dénivelé qu’il faudra remonter… et vous le paierez assez cher quelques instants plus tard ! Mais avant cela, vous passerez à côté d’une jolie chapelle adossée à un gros rocher, celle de Notre-Dame des Corbelins. Avec un changement de décor plus conforme à la montagne – forêt de résineux et parois rocheuses – vous arrivez à un point bas situé à 800 m d’altitude. La pente reprend bien entendu ses droits en ondulant le long des Gorges de la Morge. D’abord doucement avec 1,6 km à 3% et en franchissant le Tunnel de Ste-Marguerite taillé dans la roche (assez court avec 66 m, pas besoin d’éclairage). Puis une fois encore, sans transition, la route va se cabrer en passant à 9,5% durant 600 m avec plusieurs mètres culminant à 11%. Cette portion difficile se termine à un endroit étonnant : le Pont du Diable qui surplombe les Gorges de la Morge. Je vous invite à faire une petite pause pour essayer de distinguer la Morge qui se faufile dans un étroit et profond canyon. Profitez d’un petit replat de 200 m à 6,5% pour vous refaire une petite santé en enchaînant immédiatement après le pont avec un nouveau tunnel taillé dans la roche (long de 92 m mais entrecoupé d’une ouverture, pas besoin d’éclairage). Il faudra ensuite remettre du cœur à l’ouvrage durant 1,4 km sur une pente à près de 8%. Vous atteindrez ainsi l’intersection avec la Route du Sanetsch via Erde qui provient aussi de Conthey.
- De l’intersection avec la Route du Sanetsch via Erde au Restaurant Zanfleuron – 5,4 km : cette partie est très soutenue et ne proposera que 4 virages pour se relancer, ce qui veut dire que vous serez souvent en prise avec la pente durant de longs passages… Vous débutez par une longue section de 1,8 km à 8% entrecoupée des 2 premiers virages. Attention, il n’y a quasiment pas d’arbres dans cette section et en cas de soleil, il peut y faire très chaud. À la sortie du deuxième virage, il faudra enchaîner sur 950 m à 9,5%. On ne rigole déjà plus trop… Ce passage difficile débouche sur le Restaurant Beau-Site (en travaux lors de mon passage début juin 2025). La forêt est à nouveau un peu plus présente. L’ombre est bienvenue s’il fait un peu chaud. Un « replat » de 600 m à 7% aussi ! Mais c’est pour mieux vous préparer à un passage terrible : un raidard de 300 m à 12% (mon compteur a même atteint une pointe à 15%) !!! Ce dernier débouche sur Plan-Cernet où il y a une auberge restaurant (pas ouverte à mon passage début juin 2025 et apparemment pas de point d’eau aux alentours). Vous pouvez désormais bien voir les premiers hauts sommets montagneux comme le Crêta Besse (2701 m) et le Pra Roua (2518 m). Nouveau replat de 400 m à 5,5% mais suivi d’une nouvelle banderille de 250 m à 9% ! Ça commence à être usant… Ça replate à nouveau mais pas longtemps : 350 m à 1,5% et 150 m à 5%. Après cela, il faut faire un nouvel effort de 600 m à 7% pour atteindre le Restaurant Zanfleuron. Allez, il est temps de faire une vraie pause ! Ne manquez surtout pas votre dernière possibilité de refaire le niveau des bidons en utilisant le lavabo – eau claire et fraîche – des toilettes publiques accessibles à gauche du parking du restaurant (voir carte), car il n’y aura plus de point d’eau libre avant le sommet.
- Du Restaurant Zanfleuron au Col du Sanetsch – 10,2 km : faisons un petit point. Vous avez déjà gravi près de 15 km et 980 m de D+ à 7% de moyenne… ce qui veut dire que vous avez encore 10 km et 810 m de D+ à… 8% de moyenne. Ce dernier chiffre suggère sans aucun doute que vous aurez encore plus d’effort à fournir ! Après le Restaurant Zanfleuron où vous franchirez la Morge, profitez de l’un des trois derniers replats disponibles jusqu’au sommet : 900 m à 5,5%. Les vues deviennent vertigineuses et plongeantes sur le Vallon de la Morge. Juste après la traversée du Tunnel de Vouagno (40 m), c’est reparti sur une portion soutenue de 850 m à 9%. Vous l’avez désormais compris, cette ascension est irrégulière au possible. Après avoir franchi un pont enjambant le fougueux Torrent du Nétage, vous allez enchaîner une petite série de 5 lacets assez courts. Le premier n’est pas trop « difficile » avec 200 m à 7,5% mais les 4 suivants vous feront dresser sur les pédales avec 800 m à 11% de moyenne ! Heureusement une cascade initiée par le Torrent du Nétage pourra vous distraire de ces intenses pourcentages. Le second replat de cette partie – 250 m à 3,5% – vous sauvera la mise… mais pas pour longtemps… Vous allez franchir la limite forestière et évoluer au milieu des alpages et de la roche, c’est très beau mais vous n’aurez plus d’ombre à vous offrir en cas de chaleur. D’autant qu’une nouvelle et longue portion très difficile se dresse devant vous : 2,7 km sur une déclivité comprise entre 9 et 10% ! Une série de 4 lacets nous permet de profiter de points de vue fabuleux au Sud sur les Alpes valaisanes (Weisshorn, Dent Blanche, Dent d’Hérens, Rosablanche), plus près à l’Ouest sur le Mont Gond (2710 m) et à l’Est sur la Pointe des Tsermettes (2707 m). À la sortie du dernier lacet, vous arriverez à l’entrée du Tunnel de Dorbagnon (95 m). Il est droit et ne nécessite pas vraiment d’éclairage. C’est aussi à cette occasion que la pente va faire un peu de relâchement sur 600 m à 7%. Cette partie vous guidera vers le dernier tunnel de l’ascension : celui des Fonjalles. Attention, ce dernier est assez long et en courbe – 580 m – et nécessite un éclairage malgré une rampe lumineuse qui vous aide à vous guider. L’intérieur est assez humide et étroit. N’hésitez pas à vous mettre de côté lorsque vous croisez un véhicule ! Il y a aussi des percées qui permettent d’avoir des points lumineux naturels et il est aussi possible de voir l’extérieur du tunnel, c’est spectaculaire mais soyez prudent, il n’y a aucun garde-fou. Le passage n’est pas très pentu – 6% – mais une petite rupture de pente vers la fin vous surprendra. À la sortie du tunnel, il faudra négocier une petite partie de la chaussée (environ 50 m) qui est un peu dégradée. Vous enchaînez sur un replat de 650 m à 4%, profitez-en, ce sera le dernier ! Vous avez désormais droit à une vue magnifique sur le Dôme des Diablerets (2854 m) et la Becca d’Audon (3123 m) où s’écoule entre les deux sommets, le Glacier de Tsanfleuron (ou de Zanfleuron). Vous attaquez désormais le final qui sera assez dur. Long de 2,6 km, il vous semblera interminable avec sa pente qui ne se relâchera pas d’un pouce en tournant autour des 8,5% sur une route sinueuse qui n’offre aucun lacet. Vous passerez à cette occasion à proximité de l’Hôtel-Restaurant du Sanetsch mais il ne vous sera d’aucune aide, celui-ci étant positionné en contrebas dans une cuvette que vous n’aurez pas envie de remonter (il est apparemment possible de s’approvisionner en eau). Le Col du Sanetsch ne se laissera découvrir que dans les 200 derniers mètres. À 2252 m d’altitude, vous apprécierez l’environnement qui est assez sauvage (il y a seulement un abri) et l’exploit que vous venez d’accomplir !
VERSANT SUD via Savièse
Distance : 29 km
Départ : Sion (Vallée du Rhône)
D+ : 1847 m
% moyen : 7%
% maxi : 12% sur 280 m
Au départ de Sion, l’ascension est plus longue avec 29 km et propose même un sacré dénivelé avec près 1850 m. Mais le début qui rejoint, la montée décrite ci-dessus, à Chandolin, est beaucoup moins difficile.
VERSANT SUD via Erde
Distance : 25,9 km
Départ : Conthey / Pont de la Morge (Vallée du Rhône)
D+ : 1767 m
% moyen : 7%
% maxi : 12% sur 280 m
Au départ de Conthey, une autre variante avec un début d’ascension plus « facile » qui emprunte la Route du Sanetsch via Erde. Après 9,2 km depuis le départ, vous atteindrez un premier point culminant à 978 m d’altitude. Faite une petite pause pour profiter d’un très beau panorama sur la Vallée du Rhône. Une courte descente de 300 m suivi d’une remontée de 800 m à 8% vous guidera vers l’intersection avec la Route du Sanetsch vers Savièse. Vous enchaînerez avec l’ascension initiale décrite plus haut.
VERSANT NORD
Distance : 5,1 km
Départ : Sanetschsee
D+ : 239 m
% moyen : 5%
% maxi : 9% sur 260 m et 500 m
L’ascension de ce versant est assez particulière… En effet, la montée depuis Gsteig bei Gstaad dans la Vallée supérieure de la Sarine jusqu’au Lac de Sanetsch ne peut se faire que via… un téléphérique ! Vous avez donc le choix entre 2 possibilités :
- Rejoindre le pied de l’ascension situé au Lac de Sanetsch (Sanetschsee) depuis… le Col du Sanetsch !
- Prendre le téléphérique (cabine) qui dispose d’un système d’accrochage pour vélo depuis Gsteig bei Gstaad ! En 2025, pour un aller simple, il vous en coûtera 18 CHF + 9 CHF pour le vélo. Pour toutes les infos, c’est ici. À propos de ce moyen, les locaux réalisent parfois une grande boucle – 126 km / 2600 m de D+ (avec souvent un départ depuis Martigny) qui consiste à grimper le Col du Sanetsch, de descendre à Gsteig bei Gstaad via le téléphérique puis ensuite de poursuivre jusqu’à Aigle via le Col du Pillon (et le Col de la Croix en supplément éventuel). De Aigle à Martigny, il reste la Vallée du Rhône à remonter tranquillement. Pour des infos plus précises, c’est ici.
Dans tous les cas, c’est une ascension qui n’est pas très longue avec 5,1 km. mais attention au final long de 1750 m réparti sur 3 lacets qui est assez soutenu avec une pente qui passera de 9 à 7%.
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