Col de Turini – 1604 m. Le dernier grand col du voyage…

Le départ

Samedi 6 août 2022, levé à 6H45. Ça y est, le dernier jour du voyage est déjà là… autant vous dire que je me sens d’une humeur assez mélancolique !

Ç’est passé si vite… 7 jours d’affiler à faire du vélo au cœur des Alpes avec des ascensions fabuleuses… Colombière, Aravis, Saisies, Roselend, Iseran, Galibier, Izoard, Cayolle, Valberg, Saint-Martin… 628 km et 13900 m de D+, des chiffres que j’ai peine à croire par rapport à mon niveau…

Mais je n’ai pas le temps de « m’apitoyer » car aujourd’hui – outre le fait que c’est la dernière –, c’est une étape spéciale : courte avec 69,7 km mais tout de même assortie de 1292 m de D+, elle devra être réalisée en une demi-journée jusqu’à Menton avec un horaire d’arrivée prévu à midi.

Autant dire que dire que ça ne me laisse pas beaucoup de marge parce que même si je sens que j’ai encore de bonnes jambes, je pressens que j’aurais à gérer la fatigue qui commence à s’accumuler… bref, une étape qui sera à mener au pas de course et que je redoute !

Au final, j’aurais roulé 71,8 km et grimpé 1396 m de D+ pour une arrivée à 13h10…

Cette étape sera aussi commune aux groupes V2 et V3 et les évènements vont s’enchaîner bizarrement de sorte que ce ne seront que les Français (+ Richard le Québéquois) qui termineront groupés ensemble à Menton.

1396 m de dénivelé positif

Je suis le premier à partir à 8h10 de Roquebillière. Il fait encore assez frais à cette heure matinale mais je ne savais pas à quel point il ferait si chaud quelques heures plus tard…

Je ne vais pas me la jouer solo mais avec la grosse ascension du Col de Turini située dès le début de cette étape, j’en profite pour prendre de l’avance tout en sachant que le reste du groupe me rattrapera au cours de la montée. Si je veux rester avec le groupe pour le reste de l’étape, c’est ma seule stratégie qui pourrait être gagnante…

Pour rallier le pied de l’ascension du Col de Turini, c’est facile : il n’y a qu’à se glisser dans une agréable descente le long de la Vésubie et ce, sur 4,2 km jusqu’à l’intersection entre la M2565 et la M70.

C’est le deuxième jour que je circule sur des voies dont les appellations commencent par « M »… pour ceux que cela intéresse et qui voit apparaître ce type de panneau différent de ceux beaucoup plus usuels des routes départementales, il indique que vous êtes sur une route métropolitaine, une voie publique gérée par une métropole française, en l’occurence ici la Métropole Nice Côte d’Azur qui a repris à son compte 2044 km de voiries depuis 2011, soit près d’un tiers du département des Alpes Maritimes. Selon la frontière entre la métropole et le département, vous pouvez être amené à circuler sur une même route qui peut être partagée avec les deux ! Ces routes sont identifiées par un cartouche couleur cyan affichant en blanc la lettre M suivie du numéro de la route métropolitaine.

Vu le manque de temps que je vais avoir à dispo pour cette étape à mener tambour battant, mon reportage photo a été malheureusement sacrifié… j’ai quand même réussi à prendre des photos mais elles ne sont pas aussi qualitatives que d’habitude. Je me promets de revenir un jour dans la région pour parfaire tout cela !

Vue sur quelques sommets qui bordent la Vallée de la Vésubie depuis l’intersection entre la M2565 et la M70.

Col de Turini

Me voilà au pied de la grosse ascension du jour : le Col de Turini. Situé à 1604 m d’altitude, il propose une montée de 15,2 km assez intense avec ses 1104 m de D+ à 7,5% de moyenne. Mais c’est la dernière et après tant d’efforts depuis 7 jours, elle ne me fait pas peur et j’ai aussi très hâte de découvrir ce col car c’est la première fois que je le grimpe. Et elle devrait me plaire car elle propose une grosse vingtaine de lacets !

Col de Turini / Versant OuestCol de Turini – 1604 m

Distance : 15,2 km
Départ : M2565
D+ : 1104 m
% moyen : 7,5%
% maxi : 8% sur 2,3 km m et 3,9 km

Je débute l’ascension mais au bout de 200 m, je m’arrête soudainement… un panneau annonce que la route va être coupée à partir de 10h sans autre précision qu’une déviation sera mise en place ! Je m’offre un bon coup de frayeur… c’était pas prévu ça ! Notre guide Renaud n’a apparemment pas eu d’infos à ce sujet. La déviation vers Bollène-Vésubie est dirigée via le Véséou. Je regarde rapidement la carte et vois que ça rallonge pas mal l’ascension… hors de question de faire ce détour qui pourrait me jouer des tours !

Je prends rapidement la décision de passer outre l’information, je commence à grimper et j’aviserais… je me rassure en me disant que ce ne doit pas être une course automobile (parce que là impossible de passer à vélo) car je n’ai pas vu d’affiche. J’envoie un message à Renaud pour le prévenir et qu’il puisse relayer l’info auprès du groupe.

Pied de l’ascension du Col de Turini.

Il y a une première partie bien distincte pour cette ascension : une montée de 3 km jusqu’à la Bollène-Vésubie. Elle me va très bien avec une pente douce à 6% de moyenne qui s’étale sur 8 lacets bien à l’ombre et au frais.

J’arrive à la Bollène-Vésubie. Le bourg est construit sur un promontoire donnant sur la vallée de la Vésubie. Je n’ai pas du tout le temps de faire une visite de ce village qui semble charmant mais j’ai pu enfin découvrir la raison de la coupure de la route prévue cette journée : une fête patronale était organisée sur une place dans le village et traversée par la M70.

Pour les cyclistes, il n’y aurait eu aucun problème pour passer. La déviation prévue via le Véséou débouchait juste après cette place. Je suis rassuré, ce n’est pas l’accès au Col de Turini qui sera coupé ! J’envoie un nouveau message à Renaud pour l’informer que le passage ne posera pas de problème.

Coup d’œil sur la Vallée de la Vésubie depuis la Bollène-Vésubie.

À la sortie de la Bollène-Vésubie, la pente s’accentue un peu plus franchement sur les pentes de la Cime des Vallières avec 1,3 km à 6,5%. Je peux mieux apprécier de la jolie vue sur le village sur son promontoire.

La Bollène-Vésubie un lacet plus haut.

Au détour d’un lacet qui me fait obliquer un peu plus à l’Est, je roule désormais dans le passage le plus spectaculaire de l’ascension : une route accrochée à une grande paroi rocheuse appelée « la Serre de Couala ».

La route est soutenue par de belles arches en pierre.

C’est à ce moment là que le premier des membres du groupe me dépasse en mode avion de chasse : c’est Simon, l’un des jeunes costauds, il avait annoncé la veille au soir qu’il se faisait un chrono en guise de bouquet final. Ben, il est bien parti, juste de le temps de faire un coucou et en quelques secondes il est déjà bien loin !

Je poursuis tranquillement mon avancée et il faut maintenant mettre un peu plus de cœur à l’ouvrage car la déclivité est passée à 7,5% de moyenne et ce sur les 1500 m suivants.

Je traverse aussi à cet occasion un tunnel creusé dans la montagne. Il n’est pas trop long avec ses 50 mètres et il ne nécessite pas d’éclairage étant percé au plus droit. Par contre, on peut repérer un ancien percement qui suivait l’arrête de la montagne. J’aurais eu le temps, j’aurais sûrement été l’explorer, moi qui adore les anciennes routes, ce sera peut-être pour une autre fois.

On aperçoit l’entrée du tunnel creusé dans la roche.
Sur la droite de l’entrée, on distingue l’ancien passage.

Une fois le tunnel franchi, j’aborde une série de 4 magnifiques lacets. La pente est encore plus soutenue avec un bon 8% sur les 2300 m suivants. Pour l’instant, je ne vais pas encore trop mal mais au 2/3 de ce passage, j’entends des voix puis quelques instants plus tard d’autres membres me rattrapent. J’en suis à la moitié de l’ascension, il faut que je ne faiblisse pas trop pour ne pas arriver trop tard après tout le monde…

C’est aussi dans ces 4 lacets qu’on peut encore profiter de belles vues sur les lacets en contrebas et le paysage alentour.

Un sommet du côté de la Vallée de la Vésubie.
Et un autre sommet avec les 4 lacets qui se superposent.

Puis la route s’enfonce dans la forêt. C’est l’une des rares ascensions de cette Route des Grandes Alpes où le final se déroule à l’ombre… et ça fait du bien !

La déclivité fait un léger relâchement de 0,5%… ce sera dont du 7,5% sur les 3100 m suivants… autant dire que je ne peux pas récupérer… mon coup de pédale est moins régulier… ça va pour l’instant mais la fatigue des 7 journées précédentes commence à s’installer…

La route s’enfonce dans la forêt, je serais à l’ombre jusqu’au sommet.

Du coup, comme je suis dans la forêt jusqu’au sommet, il n’y a plus rien à voir. La route est très sinueuse et il y a quelques lacets à se mettre sous les roues. La pente se refait un poil plus insistante en passant à 8% pour les 3900 derniers mètres. Ma barre de vie diminue, c’est pourtant roulant mais les jambes tournent plus lentement… je fais une petite pause pour avaler une pâte de fruits.

À environ 2 km du sommet, Richard et Michel sont les derniers membres du groupe à m’avoir rattrapé. J’essaie de m’accrocher au wagon mais je n’ai plus trop de jus, je les laisse filer pour terminer à ma main.

12 minutes plus tard, j’en termine avec le Col de Turini à 1604 m d’altitude. Content d’en avoir fini avec le plus dur… bien que j’allais être un peu à la peine pour la fin de l’étape mais je ne savais pas encore.

Les 100 derniers mètres avant l’arrivée au Col de Turini.
Dernier grand col de la Route des Grandes Alpes.

Il est près de 11h, le Col de Turini, il y a un sacré monde. En plus de celle que je viens d’emprunter, il y a 2 autres routes qui arrivent au col. Il y a une quatrième route qui permet de se hisser encore plus haut à l’Authion tout en atteignant les 2000 m d’altitude. Là aussi, pas le temps de faire ce détour, ce sera pour une autre fois…

Col de Turini – 1604 m. En face la route qui mène à l’Authion.
Col de Turini – 1604 m. La route centrale.

Je me dépêche d’avaler un Perrier que j’ai failli ne pas consommer : le bar ne prenait pas la carte bleue ! J’avais oublié de prendre mon liquide. Quand je pense que je l’ai passée à tous les précédents cols où le réseau passait encore plus difficilement… Merci à Philippe qui m’a sauvé la mise en rétribuant la serveuse, d’ailleurs peu amène, en pièces trébuchantes !

Le Col de Turini était aussi l’occasion de faire les photos souvenirs. Mais uniquement les membres français (+ Richard le Québéquois) du groupe étaient présents. Les autres membres, pour une raison que je ne saurais pas expliquer, ont tous déjà filé vers Menton. Nous ne les reverrons même plus car ils n’ont pas aussi attendu à l’arrivée. Dommage, ça aurait sympa de pouvoir se dire au revoir. J’y reviendrais un peu plus tard…

Voici donc un florilège de photos prises par un peu tout le monde au Col de Turini pour fêter la fin de cette incroyable voyage…

Groupe Route des Grandes Alpes 2022, manque Gilles, Shirley, Steven, Paul, Ralph et Philipp, Renaud notre guide qui était déjà parti à Menthon. Ce sont les accompagnatrices Sylvie et Corinne qui ont pris les photos… merci à elles !

Entre le Col de Turini et Menton

Mais il nous faut tous repartir, il reste encore du chemin à parcourir : sur les 70 kilomètres de l’étape, il en reste encore près de 50. Dans mon esprit, j’avais assimilé qu’il ne restait pratiquement plus que de la descente… sauf que non…

Simon, Vincent, Marion et Mathilde prennent les devants, on ne les reverra qu’à l’arrivée. Je me retrouve donc naturellement avec l’ossature du groupe V2 : Philippe, Louis, Michel, Richard, Cynthia, Sarah et Aymeric. Gilles a aussi pris les devants, il se joindra à nous un peu plus tard.

Une dernière petite précision : je vais faire une nouvelle fois une entorse à la route officielle de la Route des Grandes Alpes. L’itinéraire ne va pas rejoindre Sospel via la D2566 mais plutôt passer par le Col de Braus. Ne connaissant pas du tout la région, je fais confiance au tracé concocté par l’agence Vélorizons, qui a sûrement voulu offrir un meilleur aspect touristique. Et surtout, l’ayant joué solo la veille, je voulais absolument profiter des derniers instants de ce voyage en compagnie des membres groupe.

C’est parti dans la première partie de la descente en empruntant la M2566 (petite particularité du Col de Turini, toutes les voies sont un mélange de routes métropolitaines et départementales !). Durant une dizaine de kilomètre en passant par Peïra Cava, c’est un succession de pentes douces, de 2 passages plus prononcés et de faux plats où il faut parfois relancer. Regroupement à la Baisse de la Cabanette – un col intermédiaire situé à 1372 m d’altitude.

Ça ne traîne pas, je n’ai pas le temps de faire une photo. On repart dans la seconde partie de la descente en quittant la M2566 pour suivre la D21. C’est la plus spectaculaire : durant 5 km, c’est une suite de 16 lacets très resserrés sur une pente comprise entre 6,5 et 7,5%. J’essaie d’apercevoir la mer mais il faut être concentré, bien négocié les virages, ce serait dommage de chuter à la fin du voyage !

Une photo volée sur les lacets (sur la droite), un sommet que l’on va contourner quelques instants plus tard. La mer doit être quelque part dans la brume tout au fond…

Nouveau regroupement au Pas de l’Escous – 1008 m. Cette fois-ci, on peut profiter d’une pause de 5 minutes pour refroidir les freins qui ont bien chauffé et aussi profiter du paysage.

Regroupement au Pas de l’Escous – 1008 m.
Pas de l’Escous – 1008 m.
Vue au Sud du Pas de l’Escous – 1008 m.

J’ai oublié de préciser que depuis le Col de Turini que la chaleur a refait son apparition. Et plus nous descendons, plus elle est présente… si j’avais su que j’allais encore m’offrir une nouvelle journée-cuisson…

La D21 rejoint Lucéram mais nous allons changé à nouveau de cap. On repart en empruntant la D54. 850 m sont nécessaires pour rejoindre un nouveau col intermédiaire : celui de l’Orme – 1005 m. Malgré qu’il soit situé 3 mètres plus bas, il a fallu réaliser quelques efforts avec un faux plat montant suivi d’une petite descente.

Personne ne s’arrête au Col de l’Orme, je n’ai pas le temps de prendre une photo-souvenir. Juste à le passage de ce dernier, une petite surprise m’attend : une montée ! Argh, après près de 17 km de descente, les cuisses n’aiment pas du tout le changement de rythme ! Et je craque un peu psychologiquement… je ferme la marche, la pente est soutenue avec un bon 6,5%… j’essaie de m’accrocher… mais Cynthia et Sarah qui étaient devant moi s’éloignent irrémédiablement…

Bon, me voilà à nouveau seul… je me désole un peu mais je me concentre à nouveau en buvant bien et en avalant une pâte de fruits pour recharger un peu la batterie. J’en ai besoin pour grimper cette ascension qui est en fait celle du Col de l’Ablé – 1149 m. Sauf que ce n’est pas le point culminant, il faut aller jusqu’à un lieu appelé Plan Constant situé donc à 1186 m d’altitude. Au total depuis le Col de l’Orme, le programme consiste en une montée de 3,6 km pour 181 m de D+ à 5% de moyenne.

Rien d’insurmontable, j’aurais sans doute gravi cette ascension sans aucun problème dans une montée sèche, mais à ce stade du voyage, je suis carbo ! Je commence à remettre en question mon programme prévu cet après-midi… j’y reviendrais plus tard…

Au bout de ce passage de 1,6 km à 6,5%, la pente fait relâche en passant aux alentours des 4%. Ça fait du bien, je peux repasser une dent. Dans cette étape où je ne peux pas traîner, je prends une photo du Col de l’Ablé, sans me rendre compte que je le franchissais car j’ai dû faire attention à une vache qui déambulait au milieu de la route ! Je n’ai rien contre les vaches mais à chaque fois que j’ai eu l’occasion de les croiser sur une route, je trouve qu’elles ont un comportement hasardeux… et je n’ai pas envie de me prendre une tonne sur le râble ha ha ha !

Col de l’Ablé – 1149 m. Une vache déambule au milieu de la route !

Peu après, j’atteins le point culminant de cette montée (Plan Constant – 1186 m) et une nouvelle et belle surprise m’attend : le groupe s’était arrêté pour m’attendre ! Je peux vous dire que j’étais content de les retrouver et heureux qu’ils aient penser à moi ! Je n’ai pas eu l’occasion de le faire sur le coup mais je les en remercie chaleureusement à l’heure où j’écris ces lignes.

Le moral est revenu au beau fixe. D’autant que c’est une nouvelle descente de 4,1 km qui se profile. Elle permet de rejoindre le Col de Braus. Le paysage méditerranéen est superbe à cet endroit. Malgré son caractère assez austère avec cette chaleur, il dégage une belle atmosphère naturelle et sauvage qui contraste avec le tumulte touristique du bord de mer que j’allais découvrir un peu plus tard.

Par contre, à l’issue de cette descente, il faut fournir un nouveau petit effort pour se hisser au Col de Braus avec une courte montée de 400 m à 3,5%. Ça passe sans trop de problème et je franchis le Col de Braus – 1002 m. Le groupe fait quelques photos, j’en profite !

À l’issue de la descente depuis Plan Constant, vue sur le Col de Braus.
Col de Braus – 1002 m (Richard en arrière-plan).
Col de Braus – 1002 m.

Tout le monde se félicite en pensant que c’était le dernier col du voyage. Mais en fait non, je savais qu’il restait encore le Col de Castillon mais qui sera franchi anonymement plus tard !

Allez, c’est reparti dans une énième descente. On a encore changé de route, c’est la D2204. Elle est rapide avec une pente qui oscille entre 5 et 8% sur un bon revêtement. Je roule maillot ouvert, il fait de plus en plus chaud, la vitesse ne suffit même pas à me rafraîchir. En face, sur le Mont Barbonnet, il y a un impressionnant fort, celui du Suchet. Malheureusement, pas de photo… il faudra vraiment que je revienne dans la région pour en profiter plus tranquillement !

Dans un lacet, on va changer à nouveau de direction. On manque de peu le Col St-Jean – 642 m situé 1 lacet plus bas. Regroupement puis on va suivre la D54 qui va nous mener au Col de Castillon.

Dans un premier temps, c’est un faux plat montant qui se trouve à l’ombre d’une forêt. Dernier répit avant la chaleur suffocante du bord de mer…

Puis la pente se fait un peu plus insistante en passant à 5% sur 850 m. C’est la toute dernière ascension du voyage ! Je ne lâche pas d’une semelle le groupe en lançant mes toutes dernières forces. Les cuisses brûlent, l’effort fait monter le cardio… puis ça replate… Philippe, en bienveillant capitaine de route, demande si je suis toujours là… du fond du groupe, je réponds vaillamment que je suis toujours vivant !

Dans l’ultime montée vers le Col de Castillon (photo de Richard).
Dans l’ultime montée vers le Col de Castillon (photo de Gilles).

Une légère descente nous guide vers le Col de Castillon – 706 m, que nous franchissons par un… court tunnel. Pas d’arrêt pour le groupe, je fais tout de même un arrêt express pour une photo.

Col de Castillon – 706 m. Petite particularité : il y a aussi un autre Col de Castillon situé juste au-dessus du tunnel ! Il est situé à 736 m d’altitude.

J’attaque la toute dernière descente, cette fois-ci, c’est la quille !!! Dans les premiers lacets, je tente d’apercevoir la mer, pas facile dans un premier temps, la lumière est aveuglante avec un soleil qui darde ses rayons brûlants sur la route…

Et en retombant sur la D2566, je l’aperçois enfin. La voici, la Mer Méditerranée ! C’est à ce moment là que l’on se rend compte de l’aspect incroyable de ce voyage entrepris 7 jours auparavant à Thonon-les-Bains sur les bords du Lac Léman avec des chiffres assez vertigineux par rapport à mon niveau : 700 km et 15300 m de dénivelé positif ! Je ressens une certaine fierté. J’ai souvent eu plein de doutes mais ma détermination m’a permis de réussir cette magnifique aventure.

En se retournant dans un lacet plus bas, vue sur le Col de Castillon.
Castillon, je cherche du regard la mer…
… et je la vois enfin, là sur la photo plein centre !

Je me laisse désormais aller tranquillement dans la descente jusqu’à l’entrée de Menton. Dans un lacet, sous l’impressionnant viaduc de l’A8, le panneau de la ville est là. Clic-clac photo-souvenir du point final de cette Route des Grandes Alpes !

Terminus du voyage !

Menton

Par contre, après le calme dont j’ai pu profiter depuis le départ de cette étape, le contraste est saisissant aux abords de Menton : tout n’est que bruit et fureur avec une intense et infernale circulation de véhicules en tout genre ! Nous suivons en fil indienne et prudente, le long boulevard qui mène au bord du littoral. On prend une rue à droite juste après être passé sous un pont… et nous voilà arrivés à la Gare de Menton ! Cette fois-ci, c’est la fin de l’étape du jour et la toute fin du voyage. Pour cette « demie-jounée », ce sera 71,8 km / 1396 m de D+ et 4h20 de selle.

Sur le boulevard en direction de la gare (photo de Richard).
Palmiers à Menton, on est bien dans le Sud !

Il est 13h15. Renaud, notre guide, est là avec le trafic et la remorque pour accueillir tout le monde. On se congratule, heureux et fiers d’être arrivé au terme de cet itinéraire de la Traversée des Grandes Alpes que l’on rêve de faire une fois dans sa vie.

Ce sera sans Shirley, Steven, Paul, Ralph et Philipp qui ont déjà récupéré leurs bagages et qui ont filé sans un au revoir ! Ils ont sûrement leurs raisons mais c’est bien dommage…

Perso, je suis complètement carbo. La fatigue et la chaleur me tombent dessus sans crier gare. J’ai bien soif, je m’abreuve à la petite citerne d’eau que Renaud a eu la bonne idée de prévoir jusqu’au terme de cette étape. Je récupère mon sac. Je n’ai pas l’esprit très clair pour me rendre compte que le voyage est terminé…

Et tout va très vite pour la séparation. C’est déjà l’heure des au revoir… le retour à la maison va être différent pour chacun…

  • Simon et Mathilde prennent le train pour rentrer à Paris (j’ai appris plus tard que Mathilde reprenait le travail dès lundi,… dur !),
  • Vincent et Marion rentrent à Chambéry avec Renaud (forfait retour proposé par Vélorizons, il est valable aussi pour Thonon-les-Bains),
  • Gilles et Aymeric vont rentrer en voiture car c’est l’épouse de Gilles qui est venue les récupérer à Menton, ils vont continuer leurs vacances du côté du Verdon,
  • Michel, Louis et Michel vont rentrer avec Corinne et Sylvie venues les récupérer à la gare, ils resteront une journée de plus à Menton avant de repartir,
  • Sarah et Cynthia restent à Nice pour quelques jours où elles ont un pied à terre familial,
  • Richard va aussi rester une nuit à Menton pour non pas rentrer au Québec mais pour rejoindre en train sa petite famille en… Italie (en Toscane) ! Quel voyageur !

Pour ma part, j’ai prévu de poursuivre ma journée… à vélo ! Je vais poursuivre mes vacances dans le coin et plus précisément à Cagnes-sur-Mer. Mon épouse Corinne doit venir me rejoindre le soir même pour passer une nuit d’hôtel que j’avais réservé avant de se rendre le lendemain à notre camping pour les 15 prochains jours.

En partant de Dijon après son travail qui se terminait à midi, elle allait se coltiner près de 650 km. Dans un monde parfait, elle n’aurait dû mettre qu’environ 6 heures mais en ce samedi 6 août, c’était une journée noire prévu par Bison Fûté… résultat : bouchons en série et 10 heures de route !

Ayant un peu prévu le coup, mon objectif était de m’avancer jusqu’à Cagnes-sur-Mer pour lui faire gagner du temps (au moins 45 minutes). De plus, comme j’avais du temps libre cet après-midi et que je n’avais pas spécialement d’attrait pour me prélasser sur la plage, autant le passer sur le vélo ! J’avais imaginé un parcours un peu spécial mais j’ai dû changer mes plans… j’y reviendrais plus tard…

Nous disons au revoir à Renaud, Vincent et Marion qui partent avec le trafic/remorque pour réaliser le transfert retour à Chambéry (je ne sais pas s’il était prévu jusqu’à Thonon-les-Bains). Simon et Mathilde, chargés comme des mules avec le vélo à la main, vont prendre le train (bon courage à eux !). Sarah, Cynthia, Gilles, Aymeric sont déjà partis.

Ils restent Philippe, Louis, Michel, Sylvie, Corinne et Richard. On avait décidé de se trouver un resto pour manger ensemble… mais pas facile de s’organiser avec les bagages et les vélos ! Richard doit d’abord démonter et ranger son vélo dans une valise spéciale (pour le transport en avion). On le laisse seul à la recherche d’un coin pour manger mais ça va lui prendre un temps de fou… (si j’avais su, on l’aurait bien aidé… mais comme je l’ai dit, je n’avais pas les idées assez claires…).

On essaie de trouver notre lieu de repas en descendant un peu l’avenue de Verdun. Il y a un monde de dingue, la circulation routière est infernale… et surtout il fait une chaleur écrasante. Je comptais sur un vent frais qui pouvait venir de la mer mais il n’y avait absolument rien d’autre qu’un soleil de plomb à cette heure !

On jette notre dévolue sur une boulangerie qui peut nous offrir une petite terrasse avec une table libre et surtout à l’ombre. J’ai une faim de loup et très soif. Je m’offre une part de quiche, une part de pizza, un dessert et une boisson fraîche et je m’attable avec Philippe, Louis, Michel, Sylvie et Corinne. Richard nous rejoindra seulement une bonne demie-heure plus tard. Ce n’est pas trop ce que j’avais imaginé (un bon petit resto) mais tout en discutant des projets immédiats de chacun, je passe ainsi les derniers moments en leur compagnie.

Il est 15h, il est temps de passer à la seconde partie de la journée… je fais mes adieux mais ils ne seront en fait pas définitifs car je les retrouverais par hasard un peu plus tard !


After…

Pendant que tout le monde en avait terminé avec le vélo… je vais jouer les prolongations entre Menton et Cagnes-sur-Mer. J’avais imaginé un itinéraire qui prévoyait un passage par le Col d’Èze mais j’ai dû revoir mon programme… j’y reviens plus tard dans le récit de mon étape bonus (à venir…).

Mais avant tout cela, je vais devoir me débarrasser de mon sac. Il est impossible de le trimbaler, ce dernier pesant au moins une vingtaine de kilos ! Pour ce faire, j’ai réservé une consigne pour le déposer. J’ai prévu de le récupérer le lendemain lors de la première journée de mon séjour.

Les anses étant assez large pour y passer mes bras, je charge mon gros sac sur le dos et file tranquillement à la recherche de mon lieu de consigne. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, toutes les gares SNCF ne possèdent pas de consignes. Il y en a seulement 17 en France, dont 5 pour les gares parisiennes ! Mais à la manière des points relais et à l’aide d’applications dédiées, on peut déposer des bagages dans des hôtels, restaurants, magasins divers etc.

C’est donc en utilisant l’application Radical Storage que j’ai pu réserver une consigne à l’Hôtel de Londres (toujours à Menton je précise !). Ce dernier étant situé à seulement 500 m, je n’ai pas trop d’effort à faire pour m’y rendre. C’est un joli hôtel 3 étoiles comme en trouve des centaines sur la French Riviera. Une charmante hôtesse s’occupe de mon accueil. C’est avec le sourire qu’elle m’indique un coin vers le hall d’accueil où sont entreposés d’autres bagages. Il sera bien au frais jusqu’au lendemain matin, le lieu étant délicieusement climatisé. Dans la discussion, je glisse à mon hôtesse le fait que je serais bien resté au frais après 700 km de canicule. Avec une gentillesse incroyable, mon hôtesse s’est dirigé vers un frigo et ma offert une petite bouteille d’eau réfrigérée ! Je la remerciais chaleureusement.

Je sors de l’hôtel et déguste sur la terrasse ombragée de l’hôtel, les 33 cl les plus délicieux de ma vie ! Malgré le fait que j’avais bu convenablement depuis la fin de l’étape, je sentais que j’étais encore bien déshydraté… et il y faisait désormais une de ses chaleurs !

Je traverse une longue avenue bordée de résidences… et ça y est, je vois véritablement la mer ! La Mer Méditerranée et la grande plage de la Baie du Soleil s’étalent devant moi… les sentiments sont mêlés : joie avec l’aboutissement d’une incroyable traversée des Alpes et peine avec un voyage si vite terminé quand je quittais les bords du Lac Léman il y a seulement 8 jours.

Et voilà la Mer Méditerranée !

Pour marquer symboliquement la fin de l’aventure, je vais sur la plage et je trempe les pieds dans l’eau ! Pour l’ambiance, mettez le son !

Après ce petit moment très amusant, il me reste une dernière chose à faire à Menton : aller faire une photo de la Rosace de la Route des Grandes Alpes à Menton. J’avais fait la même photo il y a 8 jours à Thonon-les-Bains (voir la page Ma RGA – Intro). Je remonte la Promenade du Soleil en direction du port de plaisance et déniche la Rosace non loin d’un joli bastion (reconverti en Musée Jean Cocteau).

Surprise, j’y retrouve Philippe, Louis, Michel, Sylvie et Corinne (mais pas Richard qui était parti déposer ses affaires à son hôtel). Dernières mais brèves retrouvailles pour une petite série de photo-souvenirs !

8 jours plus tard, je retrouve la même Rosace qu’à Thonon-les-Bains !
Un clin d’œil à Lionel et Jean-Loup ! Fier de porter ce maillot…
Quasi identique, seul le blason central de la ville est différent bien entendu.

Voilà, la Route des Grandes Alpes se terminent ici… quel voyage ! 8 jours de bonheur et le rêve d’une aventure qui s’est réalisée…

De Thonon-les-Bains à Menton : 700 km / 15300 m de D+ / 44h30 de selle / 31 cols différents

Je remercie tout d’abord mes parrains Lionel et Jean-Loup (Grandes Itinérances / routedesgrandesalpes.com), de m’avoir offert l’occasion de vivre ce fabuleux périple !

Je remercie mon épouse Corinne d’avoir été à mes côtés pour m’aider à réaliser mon rêve.

Merci à mes enfants, Émilie et Victor, à ma famille, à mes amis et à mes connaissances pour leurs encouragements et le suivi de mon voyage.

Merci à ma Maman qui a toujours une attention délicieusement « inquiète », et à mon Papa qui m’a inspiré, guidé, accompagné et soutenu dans ma passion vélo entamée en 2000…

Une pensée à Alain parti trop tôt et qui aurait bien aimé que je lui raconte mon voyage…

C’est à nouveau des au revoir, je laisse Philippe, Louis, Michel, Sylvie et Corinne qui prolongeront d’une journée leur séjour à Menton en compagnie de Richard qui auront encore quelques beaux souvenirs à se raconter le soir-même au restaurant…

Un verre bien mérité ! De gauche à droite : Richard, Corinne, Sylvie, Michel, Philippe et Louis.

J’ai appris par la suite que Shirley, Steven et Ralph avaient aussi prolongé un peu leur séjour à Menton.

Je me suis lancé ensuite dans mon étape bonus entre Menton et Cagnes-sur-Mer… une autre aventure à venir très bientôt !


Vous pouvez télécharger le tracé GPX à l’aide du parcours Openrunner :