Toutes les ascensions à vélo des Alpes !

Cime de la Bonette

Cime de la Bonette vue depuis le versant Nord (photo alpes4ever)

Cime de la Bonette vue depuis le versant Nord (photo alpes4ever)

La Cime de la Bonette est la mecque du cyclo-grimpeur ! Avec ses 2802 m, c’est la plus haute route asphaltée de France ! Et pour atteindre ce sommet, que ce soit au départ de Jausiers depuis la Vallée de l’Ubaye (Nord) ou de St-Etienne-de-Tinée depuis la Vallée de la Tinée (Sud), il ne faudra pas ménager sa peine car il faudra escalader près de 25 km avec plus de 1500 m de dénivelé !

Avant de poursuivre, clarifions les points suivants :

  1. La Cime de la Bonette est un sommet situé au sein du massif du Mercantour-Argentera, entre les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes, dominant au nord la vallée de l’Ubaye et au sud la Tinée.
  2. La Cime est entourée par la route de la Cime de la Bonette, qui atteint 2 802 mètres d’altitude, et est la route goudronnée la plus haute de France. Cette route part du Col de la Bonette – 2715 m. À partir du sommet de cette route, un petit sentier pédestre permet de monter à la cime de la montagne à 2 860 mètres.
  3. Ce n’est pas la plus haute route asphaltée d’Europe comme le suggère les panneaux touristiques du coin. Le Pico Veleta en Espagne dans la Sierra Nevada avec ses 3396 m occupe la première marche du podium. Dans les Alpes, c’est le portail sud du tunnel de la Ötztaler Gletscherstraße (2 829 mètres) en Autriche qui tient le haut du pavé. Cocorico avec le Col de l’Iseran et ses 2770 m qui est donc le Col le plus élevé d’Europe (sources wikipedia) … en tout cas, des altitudes assez extraordinaires pour le cyclo mais qui laissent rêveur… mais attention, ce type de montée ne s’improvise pas, voir le magnifique ouvrage de Guillaume Prébois à ce sujet : « La Route vers les Etoiles » que vous pourrez dénicher sur Amazon.

VERSANT NORD

Depuis Jausiers (alt. 1216 m) dans la Vallée de l’Ubaye, c’est une longue ascension de 23,2 km avec 1588 m de D+ à 7% de moyenne. Route large et très bien asphaltée. Il faut garder en tête une chose en tête pour cette ascension qui va la rendre spéciale : vous démarrez à 1214 m d’altitude et vous en grimperez près de la moitié au-dessus des 2000 m d’altitude ! Autant vous dire qu’il faut être dans une bonne condition car le cœur et les poumons vont prendre cher !

Vous pouvez d’abord vous échauffer tranquillement sur la liaison Barcelonnette – Jausiers. Dès la sortie de Jausiers, la pente s’incline rapidement autour des 7%. Les débats sont déjà lancés. Vous enroulez une série de lacets et après 3,5 km environ (alt. 1404 m), Jausiers apparaît déjà tout petit en contrebas.

Après avoir dépassé le dernier hameau de la Chalannette (alt. 1545 m), la route – avec une nouvelle rupture de pente à 8,5% – s’enfile dans une vallée creusée par le Torrent de Clapouse et dominée par le Bec de l’Aigle (alt. 1811 m) sur la droite. Le paysage est de toute beauté. Au franchissement du pont qui enjambe le Ravin de la Combette, une barrière levée ainsi qu’un panneau annoncent que vous empruntez désormais une route de haute montagne.

Vous abordez une série de 4 lacets assez difficiles : 155 m de dénivelé à 8% de moyenne sur à peu près 2 km (alt. 1659 à 1814).

Au passage de l’endroit qui s’appelle le Rochas (alt. 1785 m), il y a un resserrement de la vallée qui vous fait perdre de vue la Vallée de l’Ubaye et vous avez donc droit à un nouveau décor : il y a encore quelques pâturages mais le paysage est devenu plus minéral.

La pente reste soutenue entre 7,5 et 8% de moyenne sur les 3 kilomètres suivants. Au passage du restaurant La halte 2000 (Cabane de Clapouse), vous aurez atteint la moitié de votre ascension. Profitez d’un replat de 600 m à 4,5% pour méditez sur la suite : il vous reste près de 12 km à grimper au-dessus des 2000 m d’altitude !

Nouveau resserrement de la vallée ponctué par 1,1 km à 7%. Une courte et légère descente juste avant le passage d’un pont enjambant le Torrent de Clapouse vous fait déboucher cette fois-ci dans un décor quasi minéral avec d’impressionnants rochers. Vous enchaînerez avec une série de 6 lacets répartis sur 1,4 km avec des passages à 9/10%. C’est dur ! D’autant plus que le vent peut s’en mêler un peu. Profitez du paysage qui est sublime. Vous tentez d’entrevoir la Cime de la Bonette au-dessus du Sommet de Caire Brun (alt. 2812 m) mais elle n’est pas encore en vue.

Rajoutez 600 m à 7% jusqu’au petit Lac des Essaupres où vous pourrez vous refaire une petite santé avec un bref replat. Puis après le lac, il faut reprendre votre effort avec 500 m à 6,5%. Puis en contournant le Rocher Peyron, la pente va se faire plus douce : entre 5% et 5,5% pendant 1 km, mais l’altitude, qui se situe autour des 2400 m, pompe une bonne partie de votre énergie et vous aurez l’impression de vous retrouver sur une pente à 7% !

Gérez tranquillement cette partie car vous allez enchaîner avec le terrible passage vers la Caserne de Restefond : 1,5 km à 8,5% pour vous hisser jusqu’au premier bâtiment. L’effort sera violent !

La vue de ces ouvrages datant de 1940 vous fera un peu oublier votre épuisement. Les lacets suivants vont être bien mieux gravis car la pente passe à 6,5% sur le kilomètre suivant. Mais il faudra ensuite rajouter 650 m à 7%… Tenez bon, au passage près du Faux Col de Restefond, votre santé reviendra soudainement car la Cime de la Bonette est enfin en vue… et elle est majestueuse !

À cette altitude, le vent peut être assez important et glacial mais la déclivité est assez faible – entre 3 et 3,5% – durant les 1900 m jusqu’au Col de la Bonette. Sur la gauche, quelques blockhaus datant de la seconde guerre mondiale.

Au Col de la Bonette – alt. 2715 m et troisième plus haut col français, on a le choix entre une route qui monte à gauche ou à droite, cette dernière faisant en fait le tour de la Cime. Le profil étant tout aussi effrayant des 2 côtés, prenez le passage à droite pour finaliser ce versant Nord.

Rassemblez toutes vos forces pour réaliser un gros (1,1) dernier km à 8% de moyenne ponctué par un final dans les 100 derniers mètres atteignant les 12% !!! Vous avez atteint le plus haut point routier de France à 2802 m, c’est énorme !

Au sommet, panorama exceptionnel. En été, le sommet peut être occupé par une nuée de touristes ! Sur cette route étroite, prudence, vous y croiserez des dizaines de voitures et camping-cars, des centaines de motos… il faudra jouer des coudes pour vous placer devant la stèle commémorant cette altitude pour la photo souvenir et surtout pour apprécier votre exploit !

VERSANT SUD

Depuis Saint-Étienne-de-Tinée (alt. 1144 m) dans la Vallée de la Tinée, c’est une longue ascension au profil assez régulier de 25,4 km avec 1658 m de D+ à 6,5% de moyenne.

La montée commence par une bonne rampe de 675 m à 6,5% puis déclinera par une pente douce entre 3,5 et  4,5% sur 2,9 kilomètres. Vous longez la Rivière de la Tinée. Puis la pente va se faire plus incisive – 450 m à 6,5% – jusqu’au Pont Haut. Vous laisserez la route à gauche qui mène à St-Dalmas-le-Selvage pour prendre celle de droite direction le Pra/Bousiéyas. Ce passage marque l’entrée dans le Parc national du Mercantour.

La route est plus étroite mais la déclivité restera quasi identique – 5,5% sur 1,8 km – jusqu’au Pont de Vens. Puis vous déboucherez – 500 m à 8% – sur l’une des attractions de cette ascension : la Cascade de Vens. Les deux lacets suivants vous permettront de l’apprécier avec un autre point de vue.

Poursuivez votre effort qui sera constant avec 1,7 km à 6,5/7% jusqu’à l’entrée du Vallon du Pra. Le passage de ce dernier jusqu’au hameau du même nom vous permettra de souffler un peu avec 1,5 km à 5,5%.

Une fois Pra derrière vous, c’est parti pour une longue section de 10 km à 7,5% de moyenne. Un premier enchaînement de 3 lacets vous mènera à Bousiéyas, qui sera le dernier lieu habité que vous verrez au cours de cette ascension. Vous quittez aussi la Vallée de la Tinée (qui prend d’ailleurs sa source sur les pentes de la Cime de la Bonette).

Une nouvelle série de lacets (une douzaine) vous fera prendre de la hauteur, franchir les 2000 m d’altitude entre le 14 et 15ème kilomètre et vous donnera l’occasion de profiter d’un fabuleux paysage. Vous passerez aussi à l’occasion par le Camp des Fourches, ancien hameau militaire.

Gérez tranquillement la partie qui vient juste après – pente à 6/7% – car à partir de la Stèle Jacquemot (PK 18,9 – alt. 2343 m), vous allez aborder la portion la plus ardue de cette ascension : 225 m à 10% suivi de 700 m à 8,5%, à cette altitude, la respiration est difficile.

À la sortie de ce passage, vous pourrez relâcher votre effort, les 1700 mètres suivants se font sur une pente à 5,5% de moyenne jusqu’au Col de Raspaillon ou des Granges Communes – alt. 2513 m et surtout vous aurez la Cime de la Bonette en point de mire !

À la sortie du Col de Raspaillon, un petit raidard de 500 m à 8% vous attend mais vous pourrez reprendre votre souffle sur les 700 mètres suivants à 3,5%, une bonne douceur qui sera votre dernier répit. Il faudra encore enchaîner avec 1,8 km à 7,5% pour atteindre le Col de la Bonette – alt. 2715 m et troisième plus haut col français. Tout comme le versant Nord, vous aurez le choix entre une route qui monte à gauche ou à droite, cette dernière faisant en fait le tour de la Cime. Le profil étant tout aussi effrayant des 2 côtés, prenez le passage à gauche pour finaliser ce versant Sud.

Rassemblez toutes vos forces pour réaliser les 875 derniers mètres à 10% de moyenne ponctué par un final dans les 100 derniers mètres atteignant les 12% !!! Vous avez atteint le plus haut point routier de France à 2802 m, c’est énorme !

Précisions sur les cols que vous pouvez franchir (ou pas) lors de l’ascension de la Cime de la Bonette (source Club des Cents Cols / René Poty) :

  • En grimpant le versant Nord (Jausiers), après la Caserne de Restefond, la départementale 64 passe à proximité du Faux col de Restefond (04-2639). À proximité, car le col se trouve un peu en contrebas de la route goudronnée, sur une piste R1 qui conduit au col de la Moutière.
  • Toujours en grimpant le versant Nord (Jausiers), 300 m au-delà de l’embranchement de la piste conduisant au col de la Moutière, s’ouvre sur la gauche, cette fois, une piste R1-2, qui permet d’atteindre le Col de Restefond (04-2692b) altitude 2680m. Ce col est légèrement au-dessus de la D64. Le nom du col est indiqué par un panneau sommital. Des vestiges des combats de la Deuxième Guerre Mondiale sont encore visibles aux alentours. La piste se poursuit sur le versant nord de la Cime des Trois Serrières et rejoint le col de Raspaillon. Il s’agit de l’ancienne route militaire qui existait avant l’ouverture de la « boucle » de la Bonette. ATTENTION : le col de Restefond n’est accessible qu’en entrant dans le Parc National du Mercantour (sur 250 m !). Un accès rigoureusement interdit aux vélos…
  • Sur la D64. Le Col de la Bonette (04-2715) s’ouvre comme une brèche juste au pied de la Cime de la Bonette. Il permet de basculer directement entre les vallées de la Tinée et de l’Ubaye. C’est le troisième plus haut col routier de France.
  • En grimpant le versant Sud (St-Etienne-de-Tinée), juste avant les ruines du Camp des Fourches, une piste R1 part sur la droite pour atteindre sans difficulté le Col des Fourches (06-2261b), à 200 m du goudron. ATTENTION : le Col des Fourches se trouve dans le Parc National du Mercantour !
  • Toujours en grimpant le versant Sud (St-Etienne-de-Tinée), dans la partie finale, on franchit le Col de Raspaillon ou des Granges Communes (04-2513).
Cime de la Bonette

Massif du Mercantour-Argentera

Cime de la Bonette / Versant Nord

VERSANT NORD

Distance : 23,2 km
Départ : Jausiers (Vallée de l’Ubaye)
D+ : 1588 m
% moyen : 7%
% maxi : 9% sur 1385 m

Cime de la Bonette / Versant SudVERSANT SUD

Distance : 25,4 km
Départ : Saint-Étienne-de-Tinée (Vallée de la Tinée)
D+ : 1658 m
% moyen : 6,5%
% maxi : 10% sur 225 m et 875 m

  1. Pascal Banry

    Bonjour,
    Vraiment super vos profils!! très lisibles, très graphiques, j’adore. Félicitations pour ce travail!!
    PS : J’ai trouvé un petit bug : vous avez inversé les deux profils de la Bonette par rapport aux descriptions. Rien de grave …
    Pascal

  2. Barbier Michel

    Bonjour. Félicitations pour vos explications dans le détail, tout est clair net et précis. Excellente continuation !

  3. gilles costé

    Bonjour

    Pour l’avoir fait des 2 cotés, c’est celui qui m’a le plus impressionné !
    Les 2 montées sont magnifiques et vraiment exigeantes par leur longueur avec une préférence pour le versant Sud quand on lève la tête au panneau « arrivée 13 km » et qu’on l’a en visu tellement haut et loin…
    Et pourtant, on y arrive !

  4. Michael

    Bonjour, j’ai l’impression qu’on a fait la montée ensemble …. Exactement le même ressenti tout au long de la montée par la face Nord (j’étais peut-être influencé par le fait d’avoir lu l’article avant).
    Sauf pour la toute fin, où il y a (d’après mon compteur et mes jambes), carrément des passages plats voire légèrement descendants, par contre dans le dernier kilomètre, il y a pour moi, une section de 800m où la pente oscille entre 10 et 14% avant de s’aplanir sur la fin (3-5%). Mais peut-être que mon ressenti a été faussé par ce que m’indiquait mon GPS. Enfin, ce n’est pas l’essentiel, l’essentiel c’est que c’est superbe (mais qu’il faut une petite laine pour redescendre !!).

    • Bonjour Michael, comme je l’ai précisé dans mon topo (et non sur le profil car un peu court), le clinomètre grimpe au-delà des 10% dans le final mais sur seulement 100 m, c’est un peu instantané. Par contre, aucun souvenir d’un passage descendant à la toute fin. Plat oui mais c’est « noyé » dans la partie à 3,5% que tu peux voir sur le profil. En tout cas, bravo pour la montée.

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