
Le Mont Ventoux propose une ascension mythique et mystique… Isolé géographiquement à 1903 m d’altitude au sein des Monts de Vaucluse (Préalpes du Sud), le Géant de Provence ou le Mont Chauve est l’une des montées les plus difficiles de France !
C’est une imposante montagne que l’on peut voir de très loin avec sa partie sommitale d’une blancheur extraordinaire due à l’exposition de pierriers calcaires et qui lui a donné son fameux aspect de surface lunaire.
3 versants sont proposés pour réaliser son ascension : Bédoin, le plus dur, Sault, le plus « facile » et Malaucène, tout aussi dur que Bédoin mais mésestimé. Par Bédoin ou Malaucène, vous y souffrirez : près de 21 km / 1600 m de D+ à 7,5% de moyenne. Par Sault, encore plus long avec près de 25 km mais avec un dénivelé un peu moindre de 1200 m, propose une approche plus facile jusqu’au Chalet Reynard où vous rejoindrez le final ardu du versant Bédoin.
L’ascension du Mont Ventoux, déjà bien dure par sa longueur, son dénivelé et son pourcentage moyen dans les versants Bédoin ou Malaucène, peut être encore rendue encore plus difficile par 2 aspects marquants :
- Le vent : il est supérieur à 90 km/h les deux tiers de l’année et au sommet, il souffle en moyenne pendant 240 jours, soit deux jours sur trois. On distingue principalement trois types de vent. Le mistral, tout d’abord, qui se subdivise en « mistral blanc » et « mistral noir ». Le premier, le plus connu, descend le long de la vallée du Rhône et sa force rend le ciel d’un bleu lumineux. Le second souffle avec des retours d’est et apporte un ciel nuageux. Au sommet du ventoux, il souffle en moyenne pendant 151 jours. Sa plus grande vitesse a été enregistrée à 313 km/h le 20 mars 1967. Le « marin » est un vent du sud qui apporte la pluie. C’est lui qui détient le record de vitesse puisqu’il a été enregistré à deux reprises les 15 février et 19 novembre 1967, à 320 km/h. En effet, le mont s’étendant perpendiculairement au vent, il s’y produit un effet Venturi accélérant le flux d’air, comme sur l’extrados d’une aile d’avion. Le troisième est la « ventoureso » ou brise du Ventoux. Cet air froid et sec, très rafraîchissant l’été, descend des Alpes du Sud et souffle jusqu’en Camargue (source : wikipedia).
- La température : en été, au pied du Mont Ventoux, elle est souvent chaude, et au sommet, elle peut être polaire ! Par exemple, il peut faire près de 30 degrés à Bédoin et seulement 10 degrés au sommet ! Attention, par mistral noir (ressenti à mes dépens en plein mois de juillet en 2014), il peut même geler !!! Je vous conseille donc de toujours prévoir au minimum un coupe-vent pour ne pas attraper froid au sommet…
Avant de démarrer l’ascension, veillez à bien faire les niveaux de vos bidons car vous n’aurez quasiment pas d’occasion de trouver un point d’eau. Dans le versant Bédoin, il n’y en aucun entre St-Estève et le Chalet Reynard – eau potable disponible aux toilettes du Chalet Reynard (situées à gauche) et à la Fontaine de la Grave. Dans le versant Sault, aucun entre Sault et le Chalet Reynard. Dans le versant Malaucène, aucun entre la Source du Groseau et le Chalet Liotard. Possible dans ce dernier mais il faut consommer ou alors faire un détour au chalet d’accueil de la Station du Mont Serein. Il n’y a pas de point au sommet du Mont Ventoux !
La route dans ses 3 versants est de très bonne facture et est assez large.
Le sommet du Mont Ventoux, occupé par une imposante tour d’un observatoire, est très bien aménagé et propose même un accès exclusif pour les cyclistes et piétons. Un panorama extraordinaire vous est offert sur la partie « lunaire » du Mont Ventoux, les Baronnies, le Signal de Lure (1826 m, deuxième plus haut sommet des Monts de Vaucluse), la plaine du Comtat Venaissin et plus au Nord, les sommets des Massif du Vercors, du Dévoluy et des Ecrins, du Parpaillon, des Trois Evêchés et du Pelat.
L’altitude de l’ascension du Mont Ventoux est-elle à 1911, 1910 ou 1903 m ?
Le sommet réel – selon IGN – étant officiellement à 1910 m (symbolisé par une terrasse panoramique au-dessus de l’Observatoire et situé 7 m plus haut que la route), le panneau du sommet indiquant 1911 m… n’est pas bon ! Sûrement une info « touristique » pour faire gonfler l’altitude…
Donc, on peut dire que l’ascension du Mont Ventoux ne grimpe « qu’à » 1903 m… c’est vrai que ça a « moins de gueule » mais l’effort que vous avez déployé pour y arriver et vos jambes n’y verront aucune différence !
Dernier conseil : en été, il vous faudra composer avec la… foule ! L’ascension du Mont Ventoux est l’une des plus grandes attractions cyclistes de France et même du monde entier. Des milliers de cyclistes viennent le défier ! Les Belges, Hollandais, Anglais, Allemands, voir les Américains y viennent par cars entiers. Plusieurs week-ends sont réservés à des animations ou cyclosportives. Il est aussi visité régulièrement par le Tour de France.
Et tout ce beau monde vient souvent en famille, donc il n’est pas rare qu’il soit accompagné par conjoint, enfant et animal de compagnie en… voiture ! Ils profiteront de l’occasion pour y faire une belle balade touristique et aussi porter assistance avec des encouragements et du ravitaillement. Vous respirerez alors les gaz d’échappement de nombreux véhicules qui vous dépasseront une bonne dizaine de fois car ils s’arrêteront tous les kilomètres !
L’idéal est de prévoir un départ matinal ou une montée en toute fin d’après-midi pour éviter ces désagréments…
Enfin, à noter que vous pouvez aussi tenter le défi des Cinglés du Mont Ventoux en grimpant les 3 versants dans la même journée !
VERSANT OUEST-SUD
Distance : 21,8 km
Départ : Bédoin
D+ : 1607 m
% moyen : 7,5%
% maxi : 11,5% sur 150 m
Bédoin, c’est le versant le plus dur avec des chiffres assez effrayants : 21,8 km – 1607 m de D+ à 7,5% de moyenne. Cette ascension prend même une allure dantesque si on enlève la première partie assez facile : 15,7 km – 1362 m de D+ à… 8,5% de moyenne !
Cette ascension se grimpe en 3 parties :
- Bédoin > St-Estève – 6,1 km : cette partie est facile… un paradoxe par rapport à l’ascension globale ! Dans tous les cas, avec une pente qui s’élèvera pianissimo jusqu’à 5/6% maxi, c’est très pratique pour s’échauffer tranquillement. La route serpente agréablement au milieu des vignes. Vous traverserez à cette occasion le village de Ste-Colombe et les hameaux des Bruns et de St-Estève. Il y a même un joli petit replat à la sortie du hameau des Bruns qui vous fera croire que tout va bien et que vous ne ferez qu’une bouchée de ce Mont Ventoux… Mais en abordant le célèbre virage à gauche à la sortie de St-Estève… vous allez vite déchanter !
- St-Estève > Chalet Reynard – 9,5 km : à la sortie du virage de St-Estève, la pente se dresse brutalement à 9%… elle ne passera plus en dessous durant les 8500 mètres suivants !!! Elle oscillera souvent entre 9 et 10% et grimpera même jusqu’à 11% sur 700 m. Vous évoluerez sous un couvert forestier qui, en cas de forte chaleur, ne vous apportera paradoxalement aucune fraîcheur mais plutôt un air lourd et suffocant. Vous serez tout le temps en prise avec la pente car la route ondule légèrement et n’offre que deux très courts lacets pour se relancer. Il n’y a absolument aucun replat pour respirer… Et aucune vue pour vous distraire. Voilà une belle incursion en enfer, vous allez y passer un bon moment !
À l’approche du Chalet Reynard, la pente lâchera enfin du lest en passant à 7 puis 6,5% sur 1 km. Ça vous fera du bien et vous aurez même l’impression de rouler sur un replat ! - Chalet Reynard > Mont Ventoux – 6,2 km : vous êtes sorti du couvert forestier et allez aborder la partie fameuse partie lunaire… c’est ici que les conditions climatiques sont particulières ! Vous aurez de grande chance de tomber sur un jour où le vent vous balaiera dans tous les sens et surtout de face tant qu’à faire ! Et si le vent est miraculeusement absent, en été, il y peut faire très chaud car il n’y a plus un seul arbre et les pierres calcaires qui bordent la route renvoient encore plus la chaleur. Ou alors, il y peut faire très froid, même en été ! N’oubliez que vous évoluerez entre 1400 et 1900 m d’altitude… vous êtes en haute montagne !
La vue est fantastique sur la plaine du Comtat Venaissin. Mais il y a une autre vue très particulière : celle hypnotique sur le sommet du Mont Ventoux avec sa fameuse tour de l’Observatoire… si proche mais bizarrement si loin au gré de ses multiples lacets.
La route est parfaitement asphaltée mais elle est si large que l’on ne peut se raccrocher à rien, ce qui donne parfois le sentiment de ne pas avancer. La pente moyenne est à 8%. Mais la déclivité augmentera crescendo, ce qui ajoutera de la difficulté à ce final de 486 m de D+ à cumuler avec les 1121 m de D+ que vous aurez déjà gravis entre Bédoin et le Chalet Reynard.
On peut découper ce final en 3 parties : une première longue de 1,5 km entre le Chalet Reynard et la Fontaine de la Grave où la déclivité va être un peu irrégulière un bon 7/8% sur 900 m puis un replat à 5% sur 600 m (ce dernier vous donnera l’impression de bien avancer… rester calme et profitez-en absolument car ce sera le tout dernier !), une seconde longue de 1,7 km où la déclivité oscillera entre 7 et 7,5% puis une troisième de 3 km où la déclivité passera implacablement de 8 à 9,5%… c’est ici que vous connaîtrez l’instant de vérité : allez-vous abandonner ou engager l’un des plus gros combats de votre vie cycliste ! Les passages aux abords du Mémorial Tom Simpson puis du Col des Tempêtes (oui, vous franchirez à cette occasion un col situé à 1829 m d’altitude référencé par le Club des Cent Cols mais attention, comme son nom l’indique, c’est ici que les rafales de vent sont les plus fortes et peuvent même vous déséquilibrer !) marqueront votre effort dans ce final dantesque. Et puis, pour couronner le tout, il y a après le dernier virage, une terrible rampe de 150 m à 11,5% où il faudra trouver la force mentale pour se hisser au sommet du Mont Ventoux à 1903 m d’altitude.
VERSANT EST
Distance : 25,5 km
Départ : Sault
D+ : 1208 m
% moyen : 5%
% maxi : 11,5% sur 150 m
Sault, ce versant est plus « facile » que ceux de Bédoin et de Malaucène avec « seulement » 1208 m de D+ à 5% contre près de 1600 m de D+ à 7,5% pour les 2 autres versants.
Mais attention, quelques paramètres sont à prendre en compte : sa longueur qui avoisine les 25 km et qui peut être usante et le fait que la plupart tenteront de rallier Sault depuis Bédoin (voir Malaucène) en passant soit par le Col de Notre-Dame des Abeilles, soit par les Gorges de la Nesque, ce qui ajoutera du dénivelé et de la fatigue supplémentaire.
À noter qu’à partir de Sault, l’ascension démarre par une… descente ! Elle vous permet de gagner « gratuitement » 1,1 km (entre 5 et 6,5%) sur les 25,5 kilomètres initiaux.
Du bas de la descente après Sault jusqu’au Chalet Reynard (où l’on rejoint la partie commune avec la montée de Bédoin), c’est 18,2 km de montée que l’on peut découper en 2 parties : 11 km à 5% de moyenne puis 7,2 km à 2,5%. Ça, c’est facile ! Il y aura juste à négocier un passage un peu soutenu de 1,7 km à la fin de première partie avec une pente qui oscille entre 6 et 7%.
Vous évoluerez d’abord au milieu de champs de lavande puis au sein d’un petit couvert forestier avec une végétation typiquement méditerranéenne. Le revêtement de la D164 est assez bon. Cette montée peut être assez monotone car vous n’aurez quasiment pas de points de vue et de façon assez étonnante encore moins sur le Mont Ventoux !
Il y a quand même une petite attraction lorsque l’on atteint les 1000 m d’altitude, avec un coin charmant appelé le Ventouret (jolie chapelle en sus) suivi d’un beau lacet qui permet de voir que l’on prend quand même de la hauteur.
Dans la seconde partie, la route est même un peu bucolique car on passe rapidement d’un versant à un autre de la Combe de la Font de Margot, puis de la Combe Brune.
Avec les 1450 derniers mètres quasiment tout plats, vous déboulerez au Chalet Reynard et attaquerez la partie finale longue de 6,2 km vers le Mont Ventoux décrite ci-dessus dans le versant Bédoin.
Dans la partie entre Sault et le Chalet Reynard, il est possible d’aller chasser en aller-retour le Pas de la Frache – 1575 m (voir carte plus bas). Depuis la D164 (à environ 2,4 km du Chalet Reynard), l’ascension n’est pas très longue avec 2,2 km mais il faudra fournir un bon effort avec une pente moyenne à 8%.
VERSANT OUEST-NORD
Distance : 21 km
Départ : Malaucène
D+ : 1575 m
% moyen : 7,5%
% maxi : 10,5% sur 2,1 km
Malaucène, ce versant présente des chiffres assez similaires à celui de Bédoin : 21 km – 1575 m de D+ à 7,5% de moyenne. On pourrait donc dire qu’il est aussi dur… mais il propose plusieurs replats intermédiaires qui permettent de se refaire une santé. En théorie, il n’y a que le seul gros passage de l’ascension – 3,8 km à 10% – à gérer. De plus, ce versant est moins exposé au vent que dans celui de Bédoin.
L’ascension est très irrégulière et se grimpe en 3 parties :
- Malaucène > Source du Groseau – 1,4 km
Vous démarrez par une rampe de 850 m qui donne un chouia le ton avec une pente à 5,5/6%. Vous arrivez assez rapidement sur un replat – 550 m à 3,5% – avec l’aire naturelle de la Source du Groseau, un charmant coin bien ombragé. - Source du Groseau > Rond-point du Mont Serein – 13,5 km
Un virage à droite et l’ascension prend de l’ampleur avec 3,150 km sur une pente qui passera à de 7 à 9,5%… qui donne déjà un bon petit aperçu de ce qui vous attend ! Dans ce passage, il y a un rocher remarquable, celui du Portail St-Jean puis une jolie vue sur le Domaine viticole de St-Baudille en contrebas de la route et qui permet de constater que l’on prend déjà bien de la hauteur. La forêt de pins est plus aérée que celle du côté de Bédoin, on y respire bien mieux !
La pente se calme et la déclivité va tourner entre 4,5 à 5,5% sur les 1850 mètres suivants. Route billard, bien large, le partage avec les voitures est bien plus plaisant sur ce versant que sur celui de Bédoin.
Une nouvelle rupture de pente bien marquée – entre 8 et 10% – vous obligera à remettre du cœur à l’ouvrage durant 950 m.
Un nouveau et agréable replat – 1,7 km à 5% – vous permettra de profiter de belles vues sur le Mont Ventoux, les Baronnies et la plaine du Comtat Venaissin.
Entre la Maison Forestière des Ramayettes et un belvédère, c’est la fin des festivités car la pente chauffe à nouveau à 7,5% sur 600 m… puis passera brutalement à… plus de 10% de moyenne sur les 3800 mètres suivants ! Globalement rectiligne avec un seul lacet (très pentu) pour se relancer, avec quelques pointes à 12/13%, autant vous dire que ce passage est très très difficile…
Pensant n’en plus voir la fin de ce terrible passage, vous pouvez enfin souffler sur une pente qui lâche du lest à 4,5% sur 1,4 km jusqu’à l’intersection marquée par un rond-point qui fait l’aiguillage entre l’accès à la Station du Mont Serein ou au Mont Ventoux.
Vous prendrez bien entendu la direction du Mont Ventoux. Un très beau replat de 500 m à 1,5% vous guidera vers un lacet dans lequel se trouve le Chalet Liotard. - Rond-point du Mont Serein > Mont Ventoux – 6,1 km
Vous prendrez bien entendu la direction du Mont Ventoux. Un très beau replat de 500 m à 1,5% vous guidera vers un lacet dans lequel se trouve le Chalet Liotard. Profitez-en bien, c’est le dernier avant le sommet.
Peu après le Chalet Liotard, il faut grimper un nouveau mur de 950 m à 10% de moyenne. Cet effort se termine à l’entrée d’un nouveau lacet.
À la suite de ce dernier… un nouveau replat ! Mais c’est une douceur que vous apprécierez avec une déclivité qui redescend à 5,5% puis remonte légèrement à 6,5% sur 1 km. Profitez-en bien, c’est le dernier avant le sommet.
Il ne vous reste plus que 3,7 km à gravir. La pente va désormais osciller entre 8 et 9%. À cette occasion, vous sortez du couvert forestier et évoluez dans la fameuse partie « lunaire » du Mont Ventoux répartie sur 3 ultimes épingles.
Il faudra fournir un dernier effort avec une petite rampe de 200 m à 10% pour atteindre le sommet de l’ascension du Mont Ventoux situé à 1903 m d’altitude.
Liaison Bédoin >< Malaucène


Vous serez parfois amené à rejoindre le pied des ascensions de Bédoin ou Malaucène en effectuant la liaison entre ces 2 derniers (ou à rejoindre le point de départ après avoir fait une boucle montée + descente par l’autre versant). Longue de 12,2 km, elle n’est pas très difficile (max 5,5%) mais il faudra tout de même ajouter 191 m de D+ pour le sens Bédoin > Malaucène ou 171 m de D+ pour le sens Malaucène > Bédoin à l’ascension initiale. Vous franchirez aussi à cette occasion 3 cols référencés par le Club des Cent Cols : le Col de la Madeleine – 458 m (non, ce n’est pas celui qui se trouve en Maurienne !), le Col d’Anrès – 404 m et le Col de Ronin – 374 m dans le sens Bédoin > Malaucène (Ronin, Anrès et Madeleine dans le sens Malaucène > Bédoin).





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